L’extradition de Julian ASSANGE violerait la liberté de la presse, le droit au procès équitable, l’interdiction de la torture Appel Urgent aux représentants belges : protégez notre démocratie !

Communiqué commun du Syndicat des Avocats pour la Démocratie (SAD), de la Ligue des droits humains (LDH), de la Liga voor Mensenrechten (Liga) et de la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH)

 L’extradition de Julian ASSANGE violerait la liberté de la presse, le droit au procès équitable, l’interdiction de la torture

Appel Urgent aux représentants belges : protégez notre démocratie !

 La Démocratie ne peut pas exister sans une protection importante de la liberté de la presse, liberté qui implique tant le droit de fournir des informations que de les recevoir. Le travail de Julian Assange et de Wikileaks, site à la disposition de tous, contenant des informations exactes, bien que préoccupantes sur la conduite de certaines puissances dans certains dossiers, relève sans conteste de la liberté de la presse, d’expression, d’information et d’association. A ce titre, J. ASSAGE figure parmi les trois nominés finalistes du prix Sakharov 2022[1]. Le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit est la plus haute distinction accordée par l’Union européenne aux actions en faveur des droits de l’homme. Il récompense ceux qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la défense de la liberté de pensée.

Pourtant, le fondateur de Wikileaks est poursuivi pour avoir divulgué des informations relatives à des crimes d’Etat, Etat qui entend aujourd’hui le poursuivre pénalement et l’incarcérer à vie, sans cacher son intention de le placer sous régime de détention exceptionnel – les SAM (mesures de surveillance particulières) – contraires à la dignité humaine, au respect de l’intégrité physique et psychologique[2]. Pour avoir informé le public sur les méfaits de certains gouvernements, J. ASSANGE a été présenté au public comme « l’ennemi public n°1 ».

A l’heure où l’autoritarisme russe est partout dénoncé, les Etats démocratiques doivent s’assurer et garantir que leurs concitoyens sont à l’abri de telles dérives, ce qui nécessite une protection claire et forte de la liberté de la presse/d’expression ainsi que de l’intégrité humaine. Malheureusement, le message envoyé à l’ensemble des peuples d’Europe au travers de l’extradition de J. ASANGE est à l’opposé. Il met en péril le droit à l’information dès lors que celle-ci touche au « secret criminel » des Etats occidentaux. Il témoigne du sacrifice de la valeur essentiel du droit à la vie et à l’intégrité humaine sur l’autel de la « real politique ».

J. ASSANGE a été arbitrairement déchu de son statut de réfugié. Il est resté enfermé sept ans dans une pièce, avant d’être brutalement incarcéré dans une prison de haute sécurité. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains et dégradants dénonce les mauvais traitements dont J. ASSANGE est victime et le déclin significatif de sa santé.

L’intégrité physique et psychologique de J. ASSANGE est déjà compromise. Elle le sera plus encore s’il devait être remis aux autorités d’un Etat, dont les plus hauts fonctionnaires ont déjà fait connaître le sort terrible qui l’attend aux Etats-Unis : isolement sensoriel – peine de 175 ans.

Rester silencieux devient une compromission à la limite de la complicité.

Il est urgent que tous les partisans de la Démocratie expriment et exigent le respect des valeurs fondamentales de la construction européenne à ce partenaire privilégié qu’est la Grande-Bretagne. Il est fondamental que les Etats-Unis soient encouragés à mettre un terme aux poursuites pénales abusives.

Le Syndicat des Avocats pour la Démocratie, la Ligue des droits humains, la Liga voor Mensenrechten et la Fédération Internationale pour les Droits Humains se sont ainsi adressés aux chefs de groupes et parlementaires belges afin qu’une résolution soit adoptée spécifiquement sur les violations des libertés et droits fondamentaux de J. ASSANGE.

[1] “Sakharov Prize 2022: finalists chosen”, https://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20221010IPR42638/sakharov-prize-2022-finalists-chosen

[2] Voir à cet égard : Center for Constitutional Rights, Allard K. Lowenstein International Rights Clinic, Yale Law School, “The darkest corner: Special Administrative Measures and Extreme Isolation in the Federal Bureau of Prisons”, septembre 2017, disponible sur https://law.yale.edu/sites/default/files/area/center/schell/sams_report.final_.pdf