Les origines

La création du SAD s’inscrit dans la mouvance des idées exprimées en mai 1968 et les analyses critiques sur le fonctionnement de la Justice qui se sont développées durant les années 1970. A l’époque, plusieurs jeunes avocats s’étaient regroupés, de manière informelle, sous l’appellation de « collectif des avocats de Bruxelles ». Il s’agissait non seulement de critiquer la Justice dans son fonctionnement quotidien mais aussi de mettre en cause la manière dont était exercée la profession d’avocat. Axé sur la pratique quotidienne et sur le principe de solidarité, le Collectif des avocats de Bruxelles entendait dénoncer l’absence de neutralité de la Justice et du droit en général (en évoquant l’existence d’une justice de classe). L’un de ses premiers combats a visé la revendication d’un système d’assistance judiciaire gratuit et de qualité. Les membres du collectif furent également à l’origine des premiers « wetswinkels » en Belgique. Ces centres de consultations gratuites et de mise en place de défenses collectives pour les plus démunis furent initialement mal accueillis par les autorités des Ordres des avocats – il fallut les convaincre que, moyennant le respect des règles professionnelles, les avocats pouvaient ainsi contribuer positivement au développement de l’application des règles de droit. Le « collectif des avocats de Bruxelles » mit en place plusieurs commissions publiques d’enquête (sur le placement des mineurs d’âge, sur l’accès à la Justice…), participa à la publication d’une revue juridique alternative (Pro Justicia), organisa, à destination des jeunes stagiaires, des cours – critiques et pratiques – relatifs à des matières spécifiques (droit des étrangers, procédure pénale, assistance judiciaire…), participa activement à l’organisation de la défense dans le cadre de procès de principe (grèves sauvages, avortement, défense des libertés d’expression, d’association et de manifestation…), s’attaqua à l’absence de tarification des frais et honoraires des avocats (à l’époque il s’agissait d’un sujet tabou).

Ce n’était pas impunément que ces avocats avant-gardistes agissaient puisque plusieurs d’entre eux firent l’objet de poursuites disciplinaires mettant en cause les libertés d’expression et d’association ainsi que le rôle de l’avocat et la réalité de son indépendance.

Ce mouvement qui s’était développé en Belgique existait pareillement en France, en Allemagne, en Hollande, en Italie et en Espagne. Cette similitude et la nécessité de confronter les expériences au-delà de contacts ponctuels ainsi que la nécessité de donner une dimension européenne à ces combats, aboutit, en 1990, à la création d’une association européenne (Avocats Européens Démocrates). En réalité l’AED est une confédération de syndicats et d’associations d’avocats ayant, dans différents pays européens, une vocation semblable.

C’est pour s’inscrire dans ce courant et par souci de structuration au niveau national que le « Collectif des avocats de Bruxelles » s’est dissout dans le but de créer le SAD.

Cette existence juridique a, par ailleurs, permis d’entreprendre des actions judiciaires qui se sont avérées bien souvent utiles.