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16 JANVIER 2017 : LA RESTRICTION DE L’AIDE JURIDIQUE ATTAQUÉE PAR LE MONDE ASSOCIATIF DEVANT LA COUR CONSTITUTIONNELLE

L’aide juridique permet à des justiciables qui n’ont pas les moyens de financer un avocat de se voir désigner un avocat rémunéré par l’État belge.

 Les associations requérantes[1] ont déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle contre la loi du 6 juillet 2016 qui a réformé l’aide juridique.

 Toutes ces associations ont en commun de travailler, notamment, avec des bénéficiaires de l’aide juridique. Elles constatent que, depuis l’entrée en vigueur de la loi, leurs usagers peinent à se voir désigner un avocat.

 La nouvelle loi prévoit en effet une réforme en profondeur de l’aide juridique :

 L’accès à l’aide juridique est restreint : ainsi, même une personne bénéficiaire du CPAS n’est plus présumée pouvoir bénéficier de l’aide juridique et doit démontrer, documents à l’appui, son indigence ;

  • Une contribution (forme de « ticket modérateur ») est due par désignation d’avocat (20 euros) et par instance (30 euros), même pour les bénéficiaires de l’aide juridique totalement gratuite ; en cas de procédure complexe, le montant total peut donc être élevé puisqu’à chaque nouvelle instance, un nouveau montant de 30 euros est dû ;
  • Le système de rémunération des avocats travaillant dans le cadre de l’aide juridique est complètement revu ; aucune information ni garantie n’est apportée quant au montant de la rémunération à laquelle ils pourront prétendre, de sorte que ces avocats ne sauront pas avant mi-2018 combien ils seront payés pour les prestations qu’ils effectuent actuellement.

Ce nouveau système entraîne également une surcharge administrative démesurée pour les justiciables et les avocats. En effet, les justiciables doivent à présent démontrer qu’ils n’ont pas de « moyens d’existence », ce qui revient dans de nombreux cas à fournir une preuve négative très difficile à rapporter. Ceci implique, pour des personnes déjà fragilisées, d’effectuer des démarches complexes en vue de rassembler des documents, sans aucune garantie que la désignation d’avocat sera acceptée in fine. Si l’affaire est urgente, le risque est grand que l’avocat ne puisse pas intervenir à temps. Face à la lourdeur de la tâche, certaines personnes renoncent tout simplement à faire valoir leurs droits.

De leur côté, les avocats ne sont pas indemnisés pour l’accompagnement et le conseil qu’ils prodiguent à leurs clients quant aux démarches à effectuer pour obtenir une désignation. Il s’agit pourtant souvent de plusieurs rendez-vous avec le client, puis de contacts avec le bureau d’aide juridique. Ajouté à l’incertitude totale qui plane sur le montant de la rémunération qu’ils percevront, et à la dévalorisation générale de leur rémunération dans la majorité des matières, ceci a pour conséquence que de nombreux avocats renoncent à intervenir dans le cadre de l’aide juridique. À titre d’exemple, la section « surendettement » du bureau d’aide juridique francophone de Bruxelles a vu le nombre de ses avocats permanents diminuer de moitié depuis l’entrée en vigueur de la loi, le 1er septembre dernier. Elle envisage à présent de fermer purement et simplement ses portes. Ceci aurait pour conséquence que le bureau d’aide juridique francophone de Bruxelles ne serait plus en mesure de désigner un avocat à une personne surendettée… qui n’aurait donc plus qu’à se débrouiller toute seule ! Une situation similaire risque d’ailleurs de se produire dans la majorité des autres matières.

Confrontées à ces différents constats, et à la difficulté concrète de trouver encore des avocats disposés à assister leurs usagers, une vingtaine d’associations a donc décidé d’attaquer cette réforme. Plusieurs d’entre elles avaient déjà attaqué les arrêtés d’exécution de la loi devant le Conseil d’État. L’affaire y est toujours en cours ; comme devant la Cour constitutionnelle, son traitement devrait prendre encore de nombreux mois.

 Le SAD est d’autant plus inquiet que cette réforme s’inscrit dans le cadre d’autres modifications législatives réduisant à chaque fois un peu plus le droit d’accès à la Justice des plus démunis (Loi introduisant l’indemnité de procédure – Loi augmentant les droits de greffe – Loi imposant la TVA sur les prestations d’avocats – etc.).

 Pourtant sans Justice, il n’y a pas de Démocratie possible.

 Si vous aussi, vous avez rencontré/constaté des difficultés d’accès à la justice en raison de l’entrée en vigueur de cette nouvelle législation, vous pouvez en témoigner en remplissant le formulaire disponible en pdf ci-dessous et en l’envoyant au SAD (par fax : 02/503.62.08 ou par mail da@avocat.be)

PDF du formuaire : Témoignage

[1] Il s’agit des ASBL suivantes: Aimer Jeunes, Association pour le Droit Des Etrangers, Association Syndicale des Magistrats, ATD Quart Monde en Belgique – ATD Vierde Wereld in België, Belgisch Netwerk Armoedebstrijding – Réseau belge de Lutte contre la Pauvreté, Atelier des droits sociaux, Bureau d’Accueil et de Défense des Jeunes, Défense des Enfants – International – Belgique – Branche francophone, Intact, Ligue des Droits de l’Homme, Luttes Solidarités Travail, Organisatie voor Clandestiene Arbeidsmigranten, Point d’appui, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, Service d’action sociale bruxellois, Service international de recherche, d’éducation et d’action sociale, Syndicat des Avocats pour la Démocratie, Vlaams Netwerk van verenigingen waar armen het woord nemen, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, Woman’do.

22 décembre 2016 : Mesdames, Messieurs les Ministres, les décisions de justice s’imposent à tous !

L’affaire dite « des visas » défraie la chronique depuis plusieurs mois.

Le SAD n’entend pas ici se prononcer sur le fond de ce dossier.

Ce qui nous parait fondamental, c’est la violation par l’exécutif fédéral d’une décision de justice.

La séparation des pouvoirs est un principe fondamental de nos sociétés démocratiques, qui a pour objectif de prémunir (tous) les justiciables contre l’arbitraire. Il a été mis en place afin que les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif jouent mutuellement comme contre-pouvoir des deux autres, afin d’atteindre un équilibre des pouvoirs.

La séparation des pouvoirs est dès lors un principe garantissant l’existence de tout Etat de droit.

Les déclarations et la multitude de procédures introduites par l’exécutif fédéral constituent des atteintes manifestes et extrêmement dangereuses pour notre Démocratie. Il a en effet ouvertement annoncé qu’il refusait d’exécuter un arrêt de la Cour d’appel.

 Une telle déclaration constitue la négation-même du principe de la séparation des pouvoirs.

 Que faire si l’Etat commence à refuser de rembourser des sommes d’argent lorsqu’une décision de justice le lui impose ? ou de délivrer un permis d’urbanisme ? ou de payer des indemnités en cas de licenciement abusif ? etc.

 Le SAD, comme Avocat.be, l’ASM (Association syndicale des magistrats), la Liga voor Mensenrechten et la Ligue des droits de l’homme, est extrêmement inquiet face à cette attaque frontale sans précédent de notre Démocratie, raison pour laquelle, ensemble, nous avons écrit afin d’alerter le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

 Lien Pdf : Lettre au Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe

Réforme de l’aide juridique : venez manifester ce mercredi 27 avril 2016 à 11h

Réforme de l’aide juridique : venez manifester ce mercredi 27 avril 2016 à 11h

Vous avez peut-être déjà été confronté à la justice, ou l’un de vos proches en a fait l’expérience. Vous l’avez alors très certainement remarqué. L’accès à un tribunal est particulièrement difficile, que ce soit à cause des frais en début ou fin de procédure, du langage juridique complexe, des formalités précises à respecter, ou encore à cause des honoraires d’avocat élevés.

La Plateforme « Justice pour tous »[1], dont le SAD est membre, considère que l’heure est grave.

En effet, malgré les différents freins à l’accès à la justice déjà existants, le gouvernement Michel prévoit une « réforme » du système d’aide juridique, qui éloignera encore davantage les personnes les plus démunies des tribunaux.

La réforme prévoit l’imposition d’un ticket modérateur, entre 10 et 50 €, aux bénéficiaires de l’aide juridique. Cette somme devra être payée lors de la première consultation ainsi que pour chaque procédure à introduire. Elle augmente également la charge administrative des avocats bajistes, dont la rémunération est déjà faible de sorte qu’il est fort à craindre que les avocats refusent désormais de défendre les personnes dans le cadre de l’aide juridique[2].

Nous vous invitons dès lors à vous joindre à nous afin de tirer la sonnette d’alarme :

Mercredi 27 avril 2016 – 11.00
Devant les locaux du Bureau d’aide juridique (BAJ)
Rue de la régence, 63
1000 Bruxelles

Le mercredi 27 avril, nous nous rendrons ensemble du Bureau d’aide juridique jusqu’au Ministère de la justice afin d’y remettre la pétition et sa liste des signataires.

La Plateforme « Justice pour tous » soutient qu’un véritable refinancement du système Pro Deo est plus que jamais nécessaire. Vous trouverez les revendications plus complètes dans la pétition bilingue sur le site www.netwerktegenarmoede.be/petitie. Cette pétition a déjà été signée par plus de 100 organisations.

Telecharger : Sauvons l’aide juridique

[1] La Plateforme “Justice pour tous” est actuellement composée de 22 organisations et 5 observateurs. Vous trouverez la liste complète des membres ainsi que plus d’information sur la Plateforme sur le site de la Ligue des droits de l’Homme http://www.liguedh.be/sos-justice

[2] Pour plus de détail, cf le texte « Réforme de l’aide juridique : un pas de plus vers une Justice de classe inaccessible »

Réforme de l’aide juridique : un pas de plus vers une Justice de classe inaccessible

Réforme de l’aide juridique : un pas de plus vers une Justice de classe inaccessible

Chaque citoyen peut être amené, pour une raison ou l’autre (divorce, problème locatif, comparution devant le tribunal de police, …), à être confronté à l’appareil judiciaire. Il devient alors un justiciable.

La multiplication et la complication des règles de droit obligent généralement le citoyen à se faire assister d’un avocat.

Malheureusement, le recours à un avocat et l’accès à la justice deviennent de plus en plus chers. Diverses mesures récentes ont déjà eu un impact négatif sur l’accès à la Justice : TVA de 21% sur les frais et honoraires d’avocats[1], augmentation des droits de greffe d’approximativement 55%, introduction de l’indemnité de procédure à charge du « perdant », etc.

Aujourd’hui, le gouvernement s’attaque aux plus démunis, qui peuvent normalement bénéficier de l’aide juridique de deuxième ligne – d’un avocat pro deo [2].

Le Ministre de la Justice, Koen Geens, estime qu’il existe une « surconsommation » de l’aide juridique et de la justice en général, bien qu’aucune étude ne vienne supporter sa thèse. Dès lors, sous prétexte de « responsabiliser » les bénéficiaires de l’aide juridique et les avocats acceptant de travailler pro deo, il envisage de réformer cette institution.

En réalité, son projet ne vise pas à améliorer la qualité du service rendu – relevant pourtant des missions essentielles de l’Etat – mais bien à décourager les personnes sans ressource de  faire valoir leurs droits en Justice, voire même à leur en rendre l’accès financièrement impossible.

Notre Ministre s’imagine-t-il que les plus pauvres introduisent, pour le plaisir, des procédures judiciaires à l’inverse des nantis ? Croit-il vraiment que les avocats Bajistes ont trouvé leur vache à lait[3] ?

Quoi qu’il en soit, voici les réformes envisagées par le gouvernement en matière d’aide juridique octroyée aux personnes dont le revenu est déjà inférieur au seuil de pauvreté[4] :

  • Paiement d’une contribution (entre 10 et 50 €) dès la première consultation d’un avocat ET ;
  • Paiement d’une contribution (entre 10 et 50 €) pour chaque procédure introduite[5] ET ;
  • Perte pour le citoyen de l’aide juridique s’il obtient gain de cause et obligation de restituer à l’avocat une partie des montants qu’il perçoit, avec un minimum insaisissable de 250€.

Bien que les montants puissent paraître à première vue dérisoires, ces mesures pèseront lourdement sur le justiciable, alors qu’elles ne permettront aucun financement réel de l’aide juridique. Par ailleurs, il revient à l’avocat Bajiste de recouvrer ces sommes…ou de s’en abstenir en renonçant ainsi à cette part de leur rémunération !

Pour les avocats Bajistes aussi, la réforme apporte ses désagréments[6] en augmentant encore leur charge de travail administrative.

Depuis des années, les avocats demandent un refinancement de l’aide juridique de deuxième ligne. Les avocats belges sont en effet extrêmement mal payés, quoi qu’en pense le Ministre, et, dans certains cas, leur rémunération sert uniquement à couvrir leur frais.

L’aide juridique est assurée en Belgique grâce à une enveloppe budgétaire fermée. Voilà en réalité le problème !

Alors que la population s’appauvrit et a de plus en plus besoin des avocats Bajistes, leur rémunération n’a cessé de baisser. Rien dans le projet annoncé du Ministre ne permet raisonnablement de penser que cela va s’améliorer[7]. Or, personne ne peut fournir un travail de qualité s’il n’est pas décemment rémunéré.

Le pouvoir judiciaire est un des trois pouvoirs constitutionnels, auquel tout citoyen devrait pouvoir s’adresser. L’accès à la justice est un droit fondamental que l’Etat est tenu d’assurer ! Par la réforme envisagée, c’est une fois encore le plus pauvre qui est sanctionné de manière inacceptable.

S’inscrivant dans le cadre de réformes à objectif purement budgétaire[8], le projet de modification de l’aide juridique de deuxième ligne est un nouveau coup porté à une Justice digne d’un Etat de droit : accessible, humaine et de qualité.

Ne nous laissons pas faire !

Signez la pétition  la pétition pour le refinancement de l’aide juridique : Non au ticket modérateur !

Pour signer la pétition : http://www.netwerktegenarmoede.be/petitie


[1] Supportée exclusivement par les particuliers, à l’inverse des entreprises qui peuvent déduire la TVA.

[2] Lorsqu’un justiciable n’a pas les moyens financiers suffisants, il peut bénéficier de l’aide juridique totale – on vise les revenus évalués à moins de 953€ pour une personne isolée et de 1224€ pour une personne faisant partie d’un ménage – ou partielle – si les revenus se situent entre 953 et 1224 € pour une personne isolée et entre 1224€ et 1493€ pour une personne faisant partie d’un ménage, le bénéfice de l’aide juridique partielle implique déjà  une contribution pouvant atteindre 125€.

[3] A titre d’exemple, pour une procédure au tribunal du travail, l’avocat doit réaliser les devoirs suivants :

  • Encodage de la demande d’aide juridique (avec  récolte des pièces nécessaires auprès du client) ;
  • Rédaction d’une requête  (ceci requiert l’analyse de la décision attaquée, du dossier administratif, des pièces remises par le client, impression en plusieurs exemplaires, déplacement au palais/frais de poste) ;
  •  En fonction des arguments de la partie adverse, il est parfois nécessaire qu’il rédige en plus des conclusions :
  • Présence à une ou deux audiences ;
  • Plaidoiries (requiert une certaine préparation, présence à l’audience) ;
  • Un ou plusieurs rendez-vous son client ;
  • Clôture de ses prestations dans le système d’aide juridique.

Concrètement, l’avocat pro deo ne sera payé qu’un an et demi après la clôture de la procédure. Il ne gagnera qu’entre 375 € et 450 € brut pour un tel dossier.

[4] « Plus de 15% des Belges vivent sous le seuil de pauvreté », disponible sur http://www.lalibre.be/actu/belgique/plus-de-15-des-belges-vivent-sous-le-seuil-de-pauvrete-55114de33570c8b952cbe6dc

 « Le seuil de pauvreté est fixé à 1.074 euros par mois pour un isolé et à 2.256 euros pour un ménage avec deux enfants ».

[5] A noter, aucune distinction n’est faite selon qu’on introduise une procédure ou qu’on se défende dans le cadre d’une procédure. Rien n’est prévu dans l’hypothèse où la personne gagné son procès et avait donc raison de saisir la justice. Rien n’est prévu dans l’éventualité où une administration retire un acte illégal pour en reprendre un autre similaire.

[6] Détermination du caractère suffisant des moyens d’existence, récupération de la contribution à chaque désignation, procédure, récupération d’honoraires en cas de gain de cause, risque financier de ne pas récupérer les contributions dues par le justiciable.

[7] Le Ministre envisage de créer un Fond qui serait alimenté par des sommes à verser par les personnes condamnées au pénal. D’une part, ce fond n’est pas encore créer. D’autre part, l’on s’interroge sur les montants qui pourront effectivement être recouvrés de la sorte. Enfin, on n’aperçoit pas le motif justifiant que le refinancement de l’aide juridique soit uniquement mis à charge des « délinquants », qui doivent déjà s’acquitter de sommes à destination du Fonds d’aide aux victimes des actes intentionnels de violence.

[8] Le Ministre est censé économiser 20% du budget – déjà insuffisant – qui lui est actuellement alloué.

Journée Internationale de l’Avocat en Danger – Manifestation ce 22 janvier 2016, 12h30, devant l’ambassade du Honduras

Journée Internationale de l’Avocat en Danger – Manifestation ce 22 janvier 2016, 12h30, devant l’ambassade du Honduras

Au cœur de l’Amérique centrale, bordé par la mer des Caraïbes et l’Océan Pacifique, le Honduras avec ses plages de cartes postales plongeant dans une mer turquoise, ses forêts tropicales, ses parcs et réserves naturelles, sans oublier l’incroyable site maya de Copan, a tous les atouts d’un petit  paradis.  Pour les touristes, mais pas pour la population, qui vit dans des conditions d’extrême  pauvreté et d’insécurité totale, victime de toutes  sortes de discriminations et confrontée à un pouvoir corrompu.
Depuis le coup d’Etat du 28 juin 2009 qui a permis au parti  national (droite) de reprendre le pouvoir, la situation politique et économique du pays n’a cessé de se dégrader.
Plus de 60% de la population vit, désormais, sous le seuil de pauvreté et le taux de criminalité, selon les statiques de  l’ONU,  est le plus élevé au monde.
Les droits fondamentaux sont quotidiennement bafoués  et les exactions commises à l’encontre des défenseurs des droits humains et  des minorités sont en augmentation constante.
Parmi eux, les professionnels du droit (avocats,  juges, procureurs…) paient un très lourd tribut.
Selon un rapport publié en mars 2015  par le Commissaire National aux Droits de l’Homme, 89 d’entre eux ont été victimes de morts violentes au cours des cinq dernières années. Beaucoup d’autres ont été enlevés, agressés ou victimes d’actes de violences et menaces.
Toujours selon ce rapport, entre 2013 et mars 2015, 45 actes criminels dirigés contre des avocats ont entrainé la mort de 34 d’entre eux  et en ont blessés 7  autres.
Les derniers chiffres communiqués ce 3 janvier, sur base des données transmises par le Président de  l’Association des avocats du Honduras (la C.A.H) révèlent que 15 avocats ont été tués pour la seule année 2015 (ce triste score ne tient pas compte  des juges, personnels judiciaires et autres victimes collatérales abattus au cours de la même période).
Dans la majorité des cas (82%), ces crimes sont restés impunis. Le ou les auteurs n’ont pu être identifiés, faute d’enquêtes sérieuses, et les rares suspects arrêtés ont été relâchés sans même être poursuivis.
Les autorités honduriennes doivent d’urgence prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à cette impunité et permettre aux avocats d’exercer leurs missions sans risque pour leurs vies et leur sécurité;
En 2014 déjà, avocat.be et le Conseil Consultatif des Barreaux Européens étaient intervenus officiellement auprès du Président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, pour dénoncer cette situation et demander des mesures de protection pour les avocats menacés.
Depuis 2014, des avocats, magistrats et juristes  de toutes les parties du  pays et de tous les horizons politiques luttent  ensemble dans une Commission crée au sein de la C.A.H, pour essayer de mettre en place un système de protection efficace pour garantir la sécurité des professionnels du droit, aider les familles  des avocats assassinés  et développer des programmes de prise de conscience du rôle de l’avocat et de la nécessité de garantir leur protection.
La 6ème  Journée Internationale de l’Avocat en Danger,  qui se déroulera le 22 janvier 2016 à l’appel de plusieurs associations d’avocats, parmi lesquelles l’Association des avocats démocrates (AED) et le Syndicat des avocats pour la démocratie (lesad.be), sera donc consacrée cette année, à la situation des avocats du Honduras.
Des  manifestation d’avocats en toge, auront lieu à cette occasion devant les Ambassades du Honduras de nombreuses villes et capitales en Europe et au-delà (Ankara, Berlin,Barcelone, Madrid, La Haye,  Londres, Madrid,  Paris, Rome, Toronto, Toronto, etc.).
A Bruxelles, un rassemblement est prévu à partir de 12h30 le 22 janvier 2016 devant l’ambassade du Honduras, avenue de Cortemberg, 89 à 1040 Bruxelles.

Téléchargements :

HONDURAS – liste et photos des avocats décédés

HONDURAS – Rapport sur les morts violentes d’avocats

Journée internationale des droits de l’homme, appel au rassemblement le 10 décembre 2015

Journée internationale des droits de l’homme, appel au rassemblement le 10 décembre 2015, 13h au Palais de Justice de Bruxelles :

On ne lutte pas contre le terrorisme en limitant la démocratie

La Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat des Avocats pour la Démocratie, Progress Lawyers Network, le CNAPD et Vrede appellent au rassemblement ce 10 décembre 2015 à 13h au Palais de Justice de Bruxelles.

Suite aux attentats de Paris, une réaction contre des actes terroristes est bien entendue nécessaire. L’État a l’obligation de garantir à toute personne une protection contre les atteintes à son droit à la vie et au respect de son intégrité physique. Cependant, cela ne peut se faire au détriment des libertés fondamentales inhérentes à tout État démocratique.

Nous estimons que la lutte contre le terrorisme ne peut mener à des décisions précipitées qui sacrifient inutilement nos libertés pour une illusion de sécurité accrue. Or, les mesures que le gouvernement propose sont non seulement problématiques sur le plan des droits démocratiques en donnant, entre autres, davantage de compétences au pouvoir exécutif au détriment du législatif et du judiciaire mais elles nous apparaissent, en plus et pour la plupart, redondantes, disproportionnées; voire inefficaces.

L’exécutif prend la relève 

Certes, il faut une enquête sérieuse sur les personnes suspectées, mais instruire un dossier, infliger une peine ou mettre quelqu’un sous surveillance électronique, est une responsabilité qui ne relève ni du pouvoir exécutif ni d’une administration. Ce sont là les tâches d’un juge.

La mise à mal du principe de séparation des pouvoirs nous inquiète et n’est pas le reflet d’une démocratie saine.

Entraves majeures aux droits fondamentaux 

Certaines des 18 mesures entravent les droits fondamentaux.

La prolongation de la privation de liberté de 24 à 72 heures ne peut être faite sans changer la Constitution. Or, la Constitution n’est pas un texte que l’on peut bricoler à la légère. Garder un suspect – présumé innocent – pendant un délai de trois jours au commissariat est extrêmement long. Seul un juge d’instruction doit pouvoir examiner la nécessité d’une détention prolongée au-delà de 24h. Il a d’ailleurs déjà la possibilité de prendre une ordonnance de prolongation du délai de garde à vue de 24h à 48h. Au vu de la rareté du recours à ce délai de 48h, sa prolongation ne semble avoir aucune utilité.

La possibilité de perquisitionner la nuit porte atteinte à la vie privée non seulement du suspect -présumé innocent – mais également à celle de sa famille et de ses enfants pour qui cela peut constituer une expérience traumatisante. La nécessité de cette mesure reste d’autant plus à prouver que les perquisitions de nuit sont déjà largement utilisées, soit sur base du flagrant délit, soit en matière de stupéfiants, soit encore sur base du consentement des personnes concernées.

Contrôle massif 

Plusieurs mesures (Passenger Name Record, enregistrement des plaques minéralogiques, cartes de GSM prépayées) permettent de contrôler massivement la population. Le gouvernement semble persuadé que la quantité d’informations récoltées est plus importante que la qualité de l’information récoltée. Il risque ainsi mettre sous surveillance l’ensemble de la population, plutôt que de concentrer les contrôles sur ceux qui posent de vraies questions de sécurité. Contrôler tout le monde est absurde, inefficace et contreproductif. Trop d’information tue l’information.

Au-delà des 18 mesures, nous constatons que d’autres dispositions sont prises en parallèle.

Sous prétexte de « lutter contre le terrorisme », le gouvernement a interdit toute une série de manifestations et envisage de faire un screening de tous les candidats réfugiés et de contrôler toutes les maisons de Molenbeek.

Nous nous inquiétons de la politique ultra-sécuritaire qui se met en place sous nos yeux.

Nous abhorrons le terrorisme de Daesh mais nous nous opposons tout aussi vigoureusement au démantèlement des droits fondamentaux au nom de la lutte contre des terroristes pour qui ce démantèlement constituerait une véritable victoire.

Nous pensons également que parallèlement à l’utilisation légitime de mesures répressives efficaces, proportionnées et respectueuses des droits humains, il est également plus que temps de mettre en place des mesures structurelles dans le domaine de l’enseignement, de la culture, de l’emploi. Une société plus juste et solidaire constitue également un rempart contre la montée du terrorisme.

Pour toutes ces raisons nous appelons à un rassemblement le jeudi 10 décembre, journée internationale des droits de l’Homme, à 13h sur les marches du Palais de Justice de Bruxelles.